Paul Roux2024/08/19

BOISÉ DU DOMAINE SAINT-PAUL - POUR ÉVITER LE MASSACRE

Le boisé du Domaine Saint-Paul est toujours sous la menace d’un abattage massif l’hiver prochain. Le Service des grands parcs de la ville de Montréal, responsable de l’opération, est bien décidé à amputer notre petite forêt d’au moins mille arbres quand la bise sera venue. Et l’arrondissement de Verdun n’entend pas stopper son ardeur. Le massacre, car c’en sera un, pourrait même toucher 1500 feuillus. 

 

En principe, seuls les frênes, une espèce attaquée par l’agrile, seront touchés. Mais au cours des coupes précédentes, qui ont déjà fait perdre au boisé quelque 400 arbres, les bûcherons n’ont pas hésité à s’attaquer à d’autres espèces.

 

De 1000 à 1500 frênes, cela fait beaucoup d’arbres. Beaucoup trop, en fait. Selon une estimation crédible, notre belle forêt perdra environ 30 % de son couvert. Cela n’en fera pas une savane, j’en conviens, mais le boisé sera troué de bien des clairières. Rien de très réjouissant pour les promeneurs, mais surtout pour la faune de ce beau lieu fréquenté par des dizaines d’espèces d’oiseaux. Certaines, notamment le canard branchu, aussi beau que rare, y perdront de précieux lieux d’habitation. Les animaux qui peuplent le boisé n’ont pas besoin d’un tel remède de cheval.

 

Le Service des grands parcs justifie sa position en affirmant qu’il est « moins dommageable à terme pour le site d’agir en une seule fois, plutôt que de différer les coupes sur plusieurs années Â». « On n’occasionne alors, réplique-t-on aux critiques, qu’une seule perturbation et les activités de restauration peuvent commencer dès la fin des travaux. Â»

 

Malgré ces belles paroles, cette politique interventionniste est très controversée. Des années d’expérience un peu partout en Amérique du Nord, où l’agrile sévit depuis plus de 20 ans déjà, ont montré qu’il était préférable d’éviter les coupes trop importantes de frênes. On croit maintenant qu’il faut enlever uniquement les arbres devenus dangereux. 

 

C’est notamment la conclusion à laquelle est arrivée l'Agence canadienne d'inspection des aliments « Lorsque l'agrile du frêne a été repéré pour la première fois au Canada, peut-on lire sur son site, les mesures de lutte mises en Å“uvre par l'ACIA comprenaient l'élimination des arbres infestés. Toutefois, l'ACIA a déterminé depuis que l'élimination des arbres infestés ne constituait pas une mesure efficace pour lutter contre l'agrile du frêne, si bien qu'aujourd'hui elle n'ordonne d'abattre des arbres que dans les zones réglementées, aux fins de la recherche. Â»

 

La politique du ministère québécois de l’Environnement est semblable. Ce ministère, chargé de la protection du Boisé Saint-Paul, recommande de n’abattre que les frênes présentant « un danger évident Â». Pour donner un exemple concret, un frêne dépérissant de 10 m de hauteur, situé à 20 m d’une maison, ne constitue pas « un danger évident Â».

 

La biologiste bien connue Louise Gratton a participé à la création de l’aire écologique protégée à L'ÃŽle-des-SÅ“urs. Elle dit comprendre que la Ville veuille protéger son investissement dans les arbres de rue. « Mais honnêtement, ajoute-t-elle, comment empêcher les agriles de venir des municipalités voisines ? Â» Mme Gratton propose elle aussi de « n’abattre que les arbres morts ou malades, et dangereux pour les usagers des sentiers ou pour les résidences à proximité Â». 

 

Cette experte suggère également d’échelonner l’abattage sur une période minimale de dix à quinze ans, afin que le boisé puisse se régénérer naturellement. Ce qui est sans doute plus sage que d’essayer de replanter des arbres dans un milieu humide, où leurs chances de survie seront faibles. Au mieux, les pousses mettront des décennies à croître. 

 

Les Amis du Domaine Saint-Paul sont d’accord avec toutes ces prudentes recommandations. Qui sommes-nous ? Un nouveau groupe voué à la sauvegarde de l’environnement à L’Île-des-SÅ“urs. À l’origine, ses membres faisaient partie d’un comité de citoyens créé par l’arrondissement de Verdun pour protéger le Domaine Saint-Paul. Mais nous avons vite déserté ce comité quand nous nous sommes aperçus qu’il ne protégerait rien, l’Arrondissement ayant déjà opté pour un abattage mastoc. 

 

Il est encore temps de stopper le carnage annoncé. Les Amis du Domaine Saint-Paul ont préparé une pétition pour convaincre Verdun de faire marche arrière. Soyez nombreux à la signer. N’hésitez pas non plus à témoigner votre opposition à cet abattage éléphantesque, que ce soit sur ce site, sur celui du Forum de L’Île-des-SÅ“urs, dans les médias ou auprès de l’Arrondissement. 

 

Pour signer la pétition cliquer ICI

 

Ensemble, nous pouvons gagner cette bataille et sauver le Boisé Saint-Paul qui nous est si cher. Mais dépêchons-nous : il est minuit moins cinq !

 

Biodiversité et espèces menacées

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