Les Amis du Domaine Saint-Paul continuent de solliciter l’arrondissement de Verdun à renoncer à l’opération massive d’abattage de frênes et d’autres essences, prévue à l’hiver 2025. Le permis du ministère de l’Environnement du Québec autorise la coupe d’arbres qui posent un « un risque évident ». Or, l’arrondissement s’apprête à abattre, d’un seul trait, au moins 1300 arbres dans le Boisé Saint-Paul en janvier prochain. Des frênes pour la plupart, certains en parfaite santé.
En juin, la mairesse de Verdun a refusé d’accepter une proposition de moratoire sur l’abattage massif des frênes dans le Boisé, proposition soumise par un comité citoyen formé par l’arrondissement. Puis, au cours d’une rencontre avec les Amis du Domaine Saint-Paul, Marie-Andrée Mauger s’est montrée déterminée à aller de l’avant avec des coupes qui menaceront la biodiversité du site et qui laisseront la petite forêt urbaine de L’Île-des-Sœurs dans un état précaire et inquiétant.
L’arrondissement dit avoir dénombré « approximativement 1000 frênes à retirer du Boisé Saint-Paul ». Toutefois, le contrat d’abattage, que les Amis du Domaine Saint-Paul ont réussi à obtenir en vertu de la Loi sur l’accès à l’information, stipule « 1300 » « frênes et autres essences ». Des ingénieurs forestiers du Service des grands parcs, responsable des coupes, ont confié au comité citoyen que 1500 arbres pourraient être sacrifiés. Un chiffre énorme, d’autant plus qu’environ 400 frênes ont déjà été coupés au cours des derniers hivers !
Le Boisé Saint-Paul est une petite forêt urbaine de 26 hectares. On compte y abattre les frênes sur une distance de 25 mètres de chaque côté de ses nombreux sentiers. On envisage également de couper les frênes situés à moins de 25 mètres des propriétés. On estime qu’environ 70 % de l’écosystème sera ainsi détruit. On verra apparaître de nombreuses clairières, comme la mairesse l’a reconnu. Les conséquences seront déplorables pour les promeneurs. Elles seront catastrophiques pour la faune et la flore du lieu.
Les Amis du Domaine Saint-Paul jugent cet abattage massif d’autant moins justifié qu’une vidéo filmée par drone montre que le Boisé, malgré la présence de l’agrile, reste en bonne santé. Telle est la conclusion à laquelle sont arrivés plusieurs experts, dont des ingénieurs forestiers, après avoir regardé attentivement ce survol d’une trentaine de minutes.
Les Amis du Domaine Saint-Paul reprochent à l’arrondissement son manque de transparence dans ce dossier. À ce jour, les feuilles ont commencé de tomber et aucun marquage n’a encore été fait. En l’absence de repères précis, la porte est ouverte à l’improvisation. Bien des arbres qui n’auraient pas dû être abattus le seront. Qui plus est, les citoyens ne pourront constater l’état des arbres ciblés.
Il faut rappeler que la lutte féroce que mènent le Service des grands parcs et l’arrondissement de Verdun contre l’agrile du frêne est controversée. On croit maintenant qu’il faut enlever uniquement les arbres devenus dangereux.
C’est notamment la conclusion à laquelle est arrivée l'Agence canadienne d'inspection des aliments, qui fait autorité en la matière. Le ministère québécois de l’Environnement va dans le même sens, recommandant de n’abattre que les frênes présentant « un risque évident ».
La biologiste Louise Gratton, cofondatrice de l'organisme Corridor appalachien, propose également de « n’abattre que les arbres morts ou malades, et dangereux pour les usagers des sentiers ou pour les résidences à proximité ». Cette spécialiste de la conservation des milieux suggère d’échelonner les coupes sur une période minimale de dix à quinze ans, afin que le boisé puisse se régénérer naturellement.
Il faut espérer que l’appel des Amis du Domaine Saint-Paul sera rapidement entendu, car l’opération abattage doit commencer dans moins de trois mois. Après, il faudra attendre plusieurs décennies pour que le Boisé Saint-Paul retrouve sa splendeur. Si jamais il la retrouve.